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  • Photo du rédacteurDr François Bilodeau

La peur de mourir ou de devenir fou: une forme d’anxiété répandue

Cette peur est vécue lorsque l’on vit une attaque de panique, qui est une poussée brusque de peur ou d’inconfort intense qui atteint son sommet en quelques minutes seulement.


Près d’une personne sur trois pourrait vivre au moins une attaque de panique au cours de sa vie. Entre 3% à 5% de ces gens pourraient développer un trouble panique.

J'ai peur de mourir, de faire une crise cardiaque, de m'étouffer, de m'évanouir ou de devenir fou. Suis-je réellement en danger? Comment m'aider à m'en sortir?


Saviez vous que la peur de mourir ou de devenir fou est fréquente? Cette peur est souvent vécue lorsque l’on vit une attaque de panique. Une attaque de panique est une poussée brusque de peur ou d’inconfort intense qui atteint son sommet en quelques minutes seulement. Elle est accompagnée de symptômes physiques et/ou cognitifs désagréables et extrêmes: palpitations cardiaques, tremblements, engourdissements, étourdissements, impressions d’irréalité, etc.

L’intensité de ces attaques est si importante qu’elle donne lieu à des interprétations catastrophiques des symptômes ressenties: je vais mourir, je vais faire une crise cardiaque, je vais manquer d’air, je vais devenir fou, je vais m’évanouir.


Pour ceux dont les attaques de panique se répètent, une anxiété anticipatoire se développe par crainte de revivre les symptômes et les conséquences catastrophiques associées. Apparaît alors l’hypervigilance: la personne devient très attentive à toute sensation physique et à toute situation qui rappelle les attaques précédentes afin de se protéger. Réaction intuitive pourrait on dire, mais malheureusement l’hypervigilance et l’anticipation augmentent l’intensité des sensations physiques qui sont de nouveau interprétées de manière catastrophique, ce qui contribue à maintenir la problématique à long terme.


La machine de la panique en marche


Les personnes souffrant d’attaques de panique en viennent généralement à fuir et éviter les situations où ce type de crise pourrait se produire et où il serait difficile de fuir rapidement ou de trouver de l’aide (exemple, être seul à la maison, conduire sur l’autoroute, être au cinéma ou aux restaurants, magasiner aux centre d’achats, emprunter les transports en commun). Cette forme d’évitement se nomme l’agoraphobie. Elle semble particulièrement utile à court terme pour ne pas vivre d’anxiété, mais à long terme, elle est malheureusement très dévastatrice.


En effet, lorsque le trouble panique s’accompagne d’agoraphobie, la personne éprouvent de plus en plus le besoin d’être accompagnée dans ces déplacements, évite plusieurs situations (exemple, conduire, manger au restaurant, aller au cinéma) et elle développe des comportements dits sécurisants (exemple, se tenir près des portes de sortie, n’emprunter que les petites routes, avoir son cellulaire avec soi en tout temps, etc.). Adieu la spontanéité! Tout devient calculé d’avance pour essayer de se protéger.


Le fonctionnement professionnel, familial et social peut gravement être touché. Dans les cas les plus sévères, l’individu peut ne plus être en mesure de quitter son domicile.


Normaliser et comprendre les réactions physiologiques


Il peut est difficile de le croire, mais les symptômes d’une attaque de panique ne représentent aucun danger pour la santé physique ou mentale. Au contraire, il s’agit d’un mécanisme de protection.


L’anxiété est un mécanisme développé par l’être humain il y a des millénaires, pour survivre aux conditions difficiles. Nous devions pour survivre être réactifs et être en mesure de nous défendre rapidement. Aujourd’hui, ce système demeure dans nos gènes et se transmet de génération en génération. Ce mécanisme est encore aujourd’hui fort utile lorsque nous sommes confrontés à des situations extrêmes qui menacent notre intégrité physique ou mentale. Chez certaines personnes, il existe cependant une vulnérabilité biologique à l’anxiété qui mène ce système à se déclencher dans des situations anodines où l’individu ne devrait pas nécessairement être en mode défense.


Lorsque ce mécanisme ce déclenche, il est normal de vouloir identifier les raisons de son émergence, mais lorsque rien dans notre environnement ne peut le justifier, la catastrophisation des symptômes physiques ressentie devient malheureusement souvent la seule option disponible : Cela doit être signe que je suis entrain de mourir!


Quelles sont les stratégies de traitement psychologique disponible?


Il y a de l’espoir! La peur apprise doit être désapprise. Ce n’est pas une chose facile, mais nous pouvons apprendre et nous conditionner en ce sens.


À ce sujet, la thérapie cognitive et comportementale pour l’anxiété est largement reconnue scientifiquement comme étant efficace et durable dans le traitement du trouble panique avec ou sans agoraphobie. Elle se base sur le principe que les difficultés vécues s’expriment selon les liens appris entre les pensées, les émotions et les comportements. Il s’agit d’une approche proactive et axée sur les solutions concrètes qui permet de réduire les symptômes anxieux.


Le trouble panique, avec ou sans agoraphobie, est un des troubles psychologiques les plus répandus et qui entraine le plus de consultations psychologiques.

Un aperçu du traitement de la panique


Les stratégies employées visent à aider la personne à ré-apprivoiser son anxiété. Le but ultime est d’atteindre une extinction de la réponse anxieuse en s’exposant graduellement aux situations craintes. Dans le contexte de la panique, les stratégies d’exposition sont multiples. Elles visent, par exemple, à aider la personne à confronter les situations craintes (incluant les sensations physiques) tout en retirant les comportements sécurisants développés. L’individu, qui, parvient à observer que la vague d’anxiété ressentie ne mène pas nécessairement aux peurs anticipées (exemple, peur de mourir ou de faire une crise cardiaque) arrive à modifier ses perceptions apprises en lien avec les attaques de panique. Une diminution de l’intensité et de la fréquence des appréhensions anxieuses s’observe généralement par la suite.


Quand devrais-je consulter?


Vous devriez envisager la thérapie lorsque les symptômes d’anxiété nuisent à votre fonctionnement quotidien. Autrement dit, lorsque l’anxiété est présente de façon démesurée et de manière répétée.


Peu importe l’ampleur de l’anxiété, il est possible de retrouver un fonctionnement normal. La première étape est d’en discuter avec un professionnel de la santé pour qu’il puisse vous guider vers un traitement approprié. Il est recommandé d’être accompagné par un professionnel afin d’appliquer les stratégies d’intervention. Toutefois, rien ne vous empêche de mieux comprendre le fonctionnement de votre anxiété afin de vous aider à dédramatiser les symptômes physiques y étant liés.


Si vous voulez en apprendre plus sur la question, une lecture incontournable pour le trouble panique est le manuel de traitement La peur d’avoir peur.


Consulter l'article original publié dans le Huffington Post


Dr François Bilodeau, Psychologue

 

RÉFÉRENCES

Butler, A. C., Chapman, J. E., Forman, E. M., & Beck, A. T. (2006). The empirical status of cognitive-behavioral therapy: a review of meta-analyses. Clinical psychology review, 26(1), 17-31.


Gould, R. A., Ott, M. W., & Pollack, M. H. (1995). A meta-analysis of treatment outcome for panic disorder. Clinical Psychology Review, 15(8), 819-844.


Marchand, A., & Letarte, A. (2004). La peur d'avoir peur. Montréal, Quebec, Canada: Stanké.

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